dimanche 2 octobre 2011

Au bord du gouffre

Il a craqué. Au lendemain d'une énième défaite historique, Marc Lièvremont n'a pas résisté au stress et a avoué son impuissance à motiver son groupe. Pour ne pas avoir participé à la curée de l'automne dernier ni à la tentative scandaleuse de déstabilisation opérée par certains médias en pleine Coupe du Monde, nous sommes en droit de donner notre avis, à présent que le sélectionneur a ouvert les vannes. Marc Lièvremont se compare à Domenech, le maudit, le chien galeux. C'est un raccourci trop simpliste. Oui, comme Raymond, il n'est plus crédible auprès de ses joueurs. Mais cela n'a rien à voir avec le cynisme, l'incompétence et l'avidité du footeux. Marc Lièvremont s'est décrédibilisé en juin 2010 lorsqu'au sortir d'un grand chelem joyeux et sympathique à défaut d'être flamboyant, il s'est incliné devant les oukases des gros pardessus de la Fédé récusant les sélections de Ouedraogo, Palisson et Estebanez pour la tournée d'été, pour de sombres histoires de rugby à 7 dont tout le monde se fout en France. Habitués à des managers à poigne dans leur clubs, les nouvelles générations de rugbymen pros, élevés à l'école de l'efficacité et du résultat, n'ont plus suivi ce vrai-faux sélectionneur. A défaut d'avoir l'autorité d'un Jacques Fouroux, le charisme d'un Jean-Pierre Rives, le prestige d'un Pierre Villepreux ou l'assurance d'un Serge Blanco, Marc Lièvremont a voulu rétablir son leadership en s'entourant de joueurs plutôt lisses et en laissant planer l'incertitude sur le groupe des 30 jusqu'à 2 semaines du départ en Nouvelle-Zélande et la douloureuse éviction de Marconnet. Le résultat a été que ces garçons, appliqués et humbles pour la plupart, ont accueilli leur sélection comme un soulagement et un aboutissement. Vidés psychologiquement par ce jeu de roulette russe, ils sont partis en Nouvelle-Zélande sans ressort mental. Et sur place, les doutes se sont accumulés. Eviction d'Emile N'Tamack dans les coulisses. Disgrâce de François Trinh-Duc que l'on croyait indéboulonnable. Départ précipité de David Skréla après un pronostic médical hâtif puisque l'intéressé est à présent apte à jouer avec Clermont. Disgrâce de Damien Traille que l'on s'est obstiné à faire jouer partout sauf au seul poste où il excèle, centre. Et ce "jeune entraîneur", pour reprendre l'expression de Pierrot Villepreux, qu'ils aimeraient avoir pour copain mais qu'ils ne ressentent pas comme un chef. Qui s'énerve quand "ça va mal", s'en prend à la presse et maintenant aux agents. Trop pudique, trop lointain et trop proche à la fois. La compétence s'acquiert mais le talent est inné. La révolte est encore possible. Mais ce groupe n'est il pas fasciné par le saut dans le vide, après avoir goûté à l'ivresse du précipice par 3 fois (Australie, Italie et Tonga)? Un dernier mot pour ceux qui croiraient malin de prétendre que le foot tient sa revanche: les joueurs du XV de France n'ont rien à voir avec les décérébrés qui ont traîné le drapeau français dans la boue d'Afrique du Sud. Confrontés au vertige de l'échec, ils constatent seulement que les Ribéry, Evra , Abidal et consorts rejouent en équipe de France et sont adulés dans leurs clubs.

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